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Des Freins et des Ressources

🐱☀️🧘‍♀️DES FREINS ET DES RESSOURCES🏄‍♀️✈️🌄

Comment “Appliquer les Freins” en thérapie, ou, pour le dire en d’autres mots, l’art de savoir prendre du recul, de prendre son temps et de renforcer les “ressources” du patient avant de creuser des sujets plus délicats.

Nous (les thérapeutes) sommes souvent tentés d’aller directement ouvrir la “boîte de Pandore” quand nous commençons à travailler avec un nouveau patient.
Le patient aussi a souvent l’idée qu’il faut “souffrir” et traiter tous ses traumatismes au plus vite pour aller mieux.

En agissant ainsi, il arrive donc souvent que des traumatismes soient traités avant que le patient ne soit équipé pour les gérer.

Ce n’est pas pour rien que le premier “outil” que nous apprenons pendant la formation en Expérience Somatique (Somatic Experiencing – https://francescaortiga.com/therapie-de-traumatismes-somat…/) soit celui de “l’Entraînement de Ressources”.

Les Ressources sont des choses, des personnes, des activités, des capacités personnelles… qui nous rassurent dans notre quotidien, qui nous font nous sentir bien et qui nous aident à “appliquer les freins” (“freiner” quand ça devient trop).

Une ressource peut être : un câlin à notre chat, une session de surf, notre sens de l’humour, notre rire ou celui de quelqu’un que nous aimons, un bon café le matin dans notre tasse préférée, un joli coucher de soleil… Souvent, ce sont ces “petites” choses qui font toute la différence.

Dans “l’Entraînement de Ressources” nous allons trouver avec notre patient des ressources qui lui sont propres (nous donnerons des exemples et des suggestions au cas où le patient ne parviendrait pas à le faire lui-même) et nous allons lui faire prendre conscience de ce qu’il ressent quand il est en contact avec sa ressource : quelles sont ses sensations, dans quelle position se trouve son corps, quelles sont ses émotions, quelles idées lui viennent à la tête… En bref : tout ce qui aide à ancrer cette expérience dans le corps, à l’étendre et à la ressentir avec davantage de conscience et de profondeur.

Comme ça, nous pouvons y accéder quand nous en avons besoin : lorsque nous sommes dans une situation de détresse et que nous avons besoin de retrouver notre force intérieure pour “appliquer les freins”.

[ Un bon exercice pourrait être de faire une liste de nos propres ressources, internes et externes. Y en a-t-il beaucoup ? Y en a-t-il assez ? Sommes-nous assez souvent en contact avec elles ? ]

Suivre ce principe (ressourcer et calmer avant de traiter) rend non seulement la thérapie plus sûre et plus facile à contrôler, mais donne également plus de courage aux clients qui abordent des sujets intimidants. Une fois qu’ils savent qu’ils sont en contrôle et qu’ils peuvent arrêter le flux de détresse à tout moment, ils peuvent oser aller plus loin. Le développement de ces “freins” permet aux patients de “contrôler” leurs souvenirs traumatiques, plutôt que de se sentir contrôlés par eux.

La thérapie peut en revanche être contre-productive quand nous commençons une séance en allant fouiller directement dans la plaie principale, sans nous soucier de renforcer les ressources de notre patient, sans nous assurer qu’il est au calme dans le moment présent, qu’il a la capacité de faire face à cette blessure ou qu’il peut prendre du recul s’il voit que ça devient trop…

Un patient épuisé, stressé, paralysé de peur ou en train de pleurer, crier ou trembler sans contrôle, ne devrait pas tenter de faire face à des traumatismes passés ou des situations difficiles.
Un cerveau en mode “alerte” (activation du système nerveux sympathique) est, tout simplement, incapable de renégocier ou résoudre un traumatisme, puisque son mode de fonctionnement sain et naturel est annulé par cette activation.

Notre premier objectif en tant que thérapeutes devrait être donc de nous assurer que notre patient peut gérer cette situation et doser son activation consciemment et progressivement.

Comme le dit Babette Rothschild “Je n’apprends jamais à un client à appuyer sur l’accélérateur avant de savoir qu’il peut trouver le frein” et je suis complément d’accord avec elle.