····· Comment gérer les états de panique généralisés et le « Amygdala hijack ». ·····
L’Angoisse ou Peur Collective est un phénomène présent quand plusieurs personnes vivent un même événement potentiellement dangereux ou traumatisant, avec un déroulement incertain sur lequel ils sentent qu’ils n’ont aucune ou peu de maîtrise.
C’est tout à fait le cas de la situation que nous sommes en train de vivre en ce moment avec la pandémie de Covid’19 ou Corona virus.
L’angoisse des pandémies est aussi vieille que l’humanité, nous l’avons tous dans nos gênes : l’idée que l’autre, avec lequel nous cohabitons de façon harmonieuse, puisse être un danger et soit à éviter, c’est ce qui nous cause autant de dégâts au niveau psychologique et émotionnel (et puisque tout est connecté, ça finit aussi par nous affecter au niveau physique).
Dans ces moments, chaque individu ressent de la peur, de l’angoisse, de l’activation ou de la prise de conscience (à des degrés différents selon le cas).
Quand nous nous sentons comme ça nous avons envie d’en parler à quelqu’un, de partager cette information que nous possédons avec nos amis et nos proches, car c’est comme ça que nous, les humains, animaux sociaux, arrivons à nous protéger nous-mêmes et à protéger notre tribu face aux dangers.
Sauf qu’en faisant cela, la peur et l’angoisse augmentent de façon exponentielle, tout comme ce virus. Nous vivons et ressentons notre propre peur, et aussi celle des gens qui nous entourent, et celle transmise par les réseaux publics.
Avec cela je ne veux pas dire (surtout !) que les mesures de précaution établies par le gouvernement sont excessives, juste qu’il y a un juste milieu entre la politique de l’autruche+irresponsabilité et la panique générale.
La connaissance est le pouvoir… mais aussi une arme à double tranchant…
Au niveau cérébrale, on y trouve un phénomène que les anglo-saxons ont intitulé de « Amygdala Hijack » ou « Prise d’otages de l’Amygdale ».
L’amygdale est un regroupement de cellules près de la base du cerveau. Il y en a deux, une dans chaque hémisphère du cerveau, et elles font partie du système limbique.
C’est là que les émotions reçoivent un sens, se mémorisent et sont attachées aux réponses qui en découlent (mémoire émotionnelle).
L’amygdale est clé dans la façon dont nous traitons les émotions fortes (surtout la peur) et la principale responsable de l’activation des réponses de combat ou de fuite (fight or flight – ou congélation quand aucun des deux autres est possible). Grace à ça, nous pouvons réagir de façon automatique au danger physique, rapidement et sans réfléchir.
Lorsque nous sentons des émotions comme la peur, l’anxiété, l’agressivité et la colère, nous nous sentons menacés et effrayés. L’amygdale alors active automatiquement la réponse de combat ou de fuite en envoyant des signaux pour libérer les hormones de stress, qui préparent notre corps à se battre ou à s’enfuir… tout en bloquant aussi l’activation de nos lobes frontaux.
Les lobes frontaux (cortex préfrontal) sont les deux grandes zones à l’avant de votre cerveau, au niveau du front. Ils font partie du cortex cérébral, qui est un système cérébral plus récent, rationnel et phylogénétiquement avancé que le système limbique. C’est là que la réflexion, le raisonnement, la prise de décisions et la planification se produisent.
Les lobes frontaux nous permettent de traiter et de penser à nos émotions, pour ensuite les gérer et déterminer la réponse la plus adaptée. Contrairement à la réponse automatique de l’amygdale, la réponse à la peur de nos lobes frontaux est consciemment contrôlée par nous.
Lorsque nous sentons que le danger est présent, notre amygdale souhaite activer automatiquement la réponse de combat ou de fuite immédiatement. Cependant, en même temps, nos lobes frontaux traitent les informations pour déterminer si le danger est réellement présent et la réponse la plus émotionnellement intelligente à celui-ci.
Lorsque la menace est légère ou modérée, ou que nous savons très bien gérer nos émotions, les lobes frontaux l’emportent sur l’amygdale. Mais, lorsque la menace est trop forte, l’amygdale agit beaucoup plus rapidement que les lobes frontaux. Elle peut dominer les lobes frontaux, déclenchant automatiquement la réponse de combat ou de fuite.
Et là, nous n’entendons plus la raison : nous partons acheter tout le papier toilette et les pâtes du supermarché, nous n’aidons pas la mamie qui est tombée dans la rue par peur d’être infectés, nous nous désinfectons les mains à la solution hydroalcoolique jusqu’à en perdre la peau, nous lisons et propageons des informations alarmantes sans être capables d’en voir le manque de logique… nous agissons de forme excessive, soudaine, illogique et irrationnelle à la situation car nous sommes en « mode survie ». C’est ce que nous appelons de « Amygdala Hijack » (Prise d’otages de l’amygdale).
L’amygdale désactive les lobes frontaux et active la réponse de combat ou de fuite.
Sans les lobes frontaux, nous ne pouvons pas penser clairement, prendre des décisions rationnelles ou contrôler nos réponses. Le contrôle a été « détourné » par l’amygdale.
La réponse de combat ou de fuite est souvent approprié en raison des menaces physiques. Aujourd’hui, nous faisons face à une menace physique, certes, mais non pas une que l’on peut combattre avec des réponses de fuite, combat ou panique généralisée…
Il est temps d’écouter nos peurs, mais sans laisser qu’elles nous dominent.
Temps de prendre conscience de notre responsabilité en tant que co-habitants de ce monde.
Temps d’apprendre à gérer nos émotions et prendre soin de nous, afin de prendre soin de tous.
Nous sommes peut-être tous confinés, mais nous sommes loin d’être seuls sur la planète.
Dans mon prochain post j’écrirai quelques techniques simples pour faire face à l’angoisse collective et pour mieux gérer nos émotions.
Entretemps, je souhaite à toutes et a tous de vivre ces moments de difficulté (ou opportunité de détente ? de connexion ?) avec la plus grande sérénité possible… et de respirer !